Petits bouts de papier
De lignes déformées, de verbes dépassés
Dans les livres voleurs de nos obscures peurs,
Desseins de nos pensées sur les maux du passé,
Les mots, de leur saveur, crient nos belles valeurs.
Les pages d’émotions sur un monde en fusion
Propagent sentiments et bourrasques d’antan
Retraçant l’expression d’anciennes rébellions.
Sur les traces du temps les mots ne sont mourants.
Comme la pluie des cieux, ils reviennent orageux
Quand colères pleuraient dans nos yeux effondrés,
Quand les morts victorieux dérogeaient tous nos vœux
D’établir une paix dans l’Histoire semée.
Les mots… Les mots noircis, par le temps, embellis,
Froissés d’années passées sur des corps trépassés,
Des amours assouvis d’amants morts par dépit
Dans leurs jours révélés d'émotions assoiffées.
Tant de discours bénis par des Hommes punis
D’un funeste destin quand l’écrit n’était rien
Qu’une feuille affaiblie de termes vains, sans vie
Alors que les demains les proclamaient divins.
Tant d’encre déversée sur des bouts de papier,
Tant de générations engravées dans ces noms
Que poésies sauvées et textes publiés
Ont rendu la raison aux langages féconds.
Les mots, de leur pouvoir, ne semblent pas déchoir
De leur parfum saigné par des mains abîmées,
Sans même apercevoir les tréfonds de l’Histoire
Dorment sur les papiers en nos temps conservés.
Catielle